Route 315, le dessous des cartes
Kashgar, ville chinoise, rendez- vous des cyclotouristes en partance pour le Tibet, le Kirghistan ou le désert du Taklamakan. Pour traverser ce dernier, deux possibilités s'offrent à nous, route nord ou route sud. Personne ne connait ni ne choisit le route Sud autour de nous. Pourtant c'est elle que nous choisissons, la route 315, un beau tracé orange sur notre carte, une route a priori hors des sentiers battus selon notre livre -guide.
Le choix est fait, nous ne nous laissons pas impressionner par la borne 3000 km sur la ligne de départ.
Compte à rebours lancé !
Le désert est plein d'imprévus! La route 315 encore plus!
Ciel bleu et grandes dunes sont longtemps absents !
Les grains de sable levés par le vent rendent le ciel opaque. De longs oasis occupent le terrain avec leurs canaux d'irrigation, allées de bouleaux, champs de coton, de mais et même des rizières, tant les hommes ont amadoué cet univers pourtant hostile.
Les villages et villes à intervalles réguliers nous permettent de faire le plein en eau et vivres- Pas de soucis jusque là !
Puis arrivent ceux que nous attendions. Vent de sable et vent contraire nous rappelent que nous sommes vulnérables dans cette immensité.
Chameaux, serpents, caméléons et dunes nous persuadent que nous pédalons dans le troisième plus grand désert du monde. Les véhicules se font rares. Nous devenons de plus en plus petits dans cette vaste beauté.
L'expérience du désert en vélo nous envoûte et les kilomètres défilent sereinement.
QuoChian, dernière ville oasis avant une traversée de 1000 km. Nous nous préparons pour cette étape. Des petits villages parfois distants de 200 km et des cours d'eau devraient nous permettre de nous approvisionner. Fidèles et naïfs, nous faisons toujours confiance au beau tracé orange sur la carte.
Borne 2000, changement d'ambiance. Les paysages restent magnifiques mais très vite, nous comprenons que la carte ne nous a pas tout révélé. Certains villages ne sont en fait que des ruines, les points d'eau sont des rivières chargées en argile, le tracé de la route est parfois modifié et devient une piste sableuse -plusieurs fois nous devons faire demi-tour -... et finalement, nous découvrons que la route 315 est en cours de construction et devient une piste sur 200 km.
Une chance, la présence d'ouvriers sur la route. Ils nous dépanneront plus d'une fois pour de l'eau et du pain.
Bitume retrouvé, la route 315 devient toujours plus magique. Nous pédalons maintenant sur des hauts plateaux entourés de montagnes, entre des formes sableuses étranges et surprenantes, et des lacs salés.
Borne 900, les villages escomptés ne sont toujours pas des villages mais de simples panneaux au milieu de nulle part et nos vivres diminuent,..la prochaine épicerie est à 400 km...
Pas le choix, il nous faut "évacuer" en camion citerne.
Ainsi se termine notre belle odyssée dans le désert. Mais la route 315 ,elle, continue. Elle est pour nous devenue un mythe et nous irons jusqu'au bout, juste pour voir ce qu'elle nous réserve encore.
500 km à venir de bonnes surprises sans doute!
